Sabine Barathon, Marc Habib – 03 décembre 2012

 

Notre propos, aujourd’hui, est de réfléchir sur les contraintes invisibles que toute prise en charge en thérapie familiale implique lorsqu’elle se déroule dans une institution ou à partir d’une institution.

En effet, nous avons tous en mémoire des prises en charges qui bifurquent hors du champ spécifique de la thérapie pour se complexifier d’attentes ou de définitions du problème qui s’imposent à nous en dehors du cercle strictement familial.

Le système thérapeutique s’enrichit de fantômes qui ne sont pas forcément présents dans la salle de thérapie et qui, pourtant, agissent ou rétroagissent pour prendre une formulation ancienne sans que ces actions soient directement lisibles par les thérapeutes et qui pourtant détermine l’évolution du travail thérapeutique.

Ici, c’est une prise en charge défaillante qui laisse les thérapeutes en première ligne. Là, ce sont des entretiens qui se multiplient avec la famille et créent une confusion de place dans lesquelles la famille se noie. Là encore, ce sont des décisions d’hospitalisation, de placement ou d’orientation qui sabotent l’alliance thérapeutique.

Ces interactions institution/thérapie sont d’autant plus prégnantes dans l’évolution de la thérapie qu’elles ne sont pas toujours, presque jamais en fait, apparentes, à priori. C’est souvent dans l’après coup que ces actions prennent sens ou modifient la donne.

Ce tiers pesant institutionnel agit comme autant de contraintes invisibles avec lesquelles les thérapeutes doivent composer.

Nous voudrions, pour éclairer cette réflexion, évoquer plusieurs situations cliniques montrant les impasses ou les paradoxes qui s’imposent dans notre pratique quotidienne.