Catherine GRANDSARD – 15 novembre 2010

 

Depuis quelques années, la justice pour mineurs et les institutions de protection de l’enfance prennent en charge de jeunes migrants présents sur le territoire français sans leurs parents. Ainsi, en 2009, ces « mineurs isolés étrangers » représentaient 20% de l’ensemble des jeunes suivis par l’Aide Sociale à l’Enfance de Paris. Par définition, la famille de ces mineurs demeure le plus souvent invisible pour les professionnels auxquels ils sont confiés. Dès lors, la question de la vérité se pose toujours dans ces situations : quelle est l’intention de la famille ou du groupe à l’origine du départ de l’enfant ou de l’adolescent ? Où se trouvent les membres de la famille élargie ? Avec qui le jeune conserve-t-il des contacts ? Quelle est la « vraie » situation du mineur ? Celui-ci est-il seulement mineur ? Est-il réellement en danger ? etc… Ce type de questionnement se multiplie à l’infini et peut parfois rendre impossible l’instauration ou le maintien d’une relation d’aide satisfaisante. Pour les cliniciens, le principal défi dans la prise en charge de mineurs isolés est d’identifier les  mythes à partir desquels les cas de ces jeunes peuvent être pensés. Si, d’une manière générale, le mythe grec de l’enfant exposé paraît toujours pertinent pour amorcer une relation thérapeutique, il arrive parfois que l’on parvienne à identifier un autre mythe, spécifique et local, ayant présidé à la « fabrication » de l’adolescent. Ce type de mythe constitue alors un outil thérapeutique précieux. Plusieurs situations seront présentées pour illustrer le propos.

Catherine Grandsard est thérapeute familiale, maître de conférences à l’Université Paris 8 et co-directrice du centre d’ethnopsychiatrie Georges Devereux fondé par Tobie Nathan. Elle est l’auteure de Juifs d’un coté : portraits de descendants de mariages entre juifs et chrétiens paru aux éditions du Seuil.