Jacques MIERMONT – 04 avril 2011

 

Depuis près de trente-cinq ans, la fréquentation régulière de patients souffrant de troubles mentaux sévères, de leurs proches et de leurs soignants m’a conduit à considérer la clinique de la famille comme un dispositif de grande importance dans une perspective thérapeutique, tant dans une pratique privée que publique de la psychiatrie et de la psychothérapie.

 

[Pour ce faire, l’engagement dans une psychanalyse personnelle et didactique avec Simone Decobert ainsi que dans une formation en thérapie systémique avec Siegi Hirsch, s’est complété par la fréquentation de l’œuvre et du séminaire de René Thom, et la réalisation d’une thèse d’université sur les signes de l’autonomie dans la communication et la cognition avec Jean-Louis Le Moigne.]

 

Si les méthodes psychanalytiques et systémiques permettent une découverte progressive de soi-même et d’autrui, l’éthologie et l’anthropologie contribuent à considérer les champs de la santé mentale et de la justice comme des laboratoires de recherche clinique et d’actions thérapeutiques pour les personnes en grande souffrance dans leur milieu de vie et de survie.

 

La création des contextes thérapeutiques nécessite de se positionner dans des hiérarchies enchevêtrées entre les écosystèmes familiaux et sociaux, à se synchroniser aux dynamiques ultra-lentes de l’évolution des processus chroniques, à renforcer les moindres signes de l’autonomie dans la communication et la cognition, à recréer des liens humains par la requalification des échanges entre familles et équipes de soins.