Nathalie Duriez, Karine Baudelaire, Raffaella Cucciniello, Stéphane Jung – 20 mars 2014

 

L’apport des neurosciences (Schore, 1994), de la théorie de l’attachement (Bying-Hall, 1995), les travaux sur l’intersubjectivité (Stern, 2004), les recherches récentes en sciences des systèmes biomécaniques (Kelso, 1995) ainsi que les mutations psycho-sociétales amènent les thérapeutes à accorder dans leur travail une place de plus en plus importante aux émotions. Mais qu’est-ce que l’émotion ? De James (1884) à Damasio (1995) en passant par Canon (1927) ou Frijda (1986), les définitions de l’émotion se multiplient, tant le phénomène semble complexe. Nous commencerons par présenter quelques modèles récents concernant l’émotion avant d’introduire la notion de régulation émotionnelle. En nous appuyant sur la psychologie du développement, nous montrerons comment des patterns de régulation émotionnelle caractérisent les familles de la même façon que les patterns transactionnels. Nous réfléchirons alors aux différentes manières de travailler avec la famille sur ces stratégies de régulation émotionnelle et comment ce travail peut mettre en évidence la difficulté de vivre et de partager certai¬nes émotions comme la peur ou le désespoir, en particulier dans les familles ayant vécu des traumatismes. A partir des résultats de mes recherches sur les processus de changement (Duriez, 2007, 2009, 2012, 2013) j’ai mis en pratique un modèle d’intervention avec une approche centrée sur la régulation émotionnelle. J’illustrerai cette approche à l’aide d’un cas clinique, avec une analyse pragmatique des interventions du thérapeute. En conclusion, je vous invite à réfléchir ensemble à cette question : est-ce qu’en prenant en compte les apports des dernières recherches scientifiques dans les sciences des systèmes, sciences humaines et neurosciences mais aussi dans la recherche sur les processus de changement en thérapie familiale, pouvons-nous considérer que nous voyons apparaître un paradigme nouveau qu’il faudrait envisager comme étant la troisième systémique ou faut-il voir là un simple enrichissement de la deuxième systémique ?